DJATA

Malgré les fortes bases de culture malienne dans mon éducation par des parents fonctionnaires maliens, d’une part mes séjours répétés à l’étranger lors des missions de mon père diplomate ne m’ont pas permis d’apprendre la musique malienne à la source, d’autre part mon non-appartenance à une  caste (1)  ne me permettait pas à priori d’apprendre et interpréter des chants traditionnels de griot.

Le projet est un récit écrit par Rokia Traoré d’une partie de l’épopée mandingue, rapporté, joué et chanté tout le long du spectacle sur fond de classiques mandingues interprétés par Mamah Diabaté au ngoni et Mamadyba Camara à la kora.

Note de Rokia Traoré:

« Mes racines sont bien ancrées dans la culture mandingue.
Pourtant, lorsque j’ai commencé à apprendre la musique, il était plus naturel pour moi de jouer de la guitare et écrire des textes en français ou en anglais, de rêver de rock’n’roll et de faire du rap, que de participer à des spectacles de mariage et de baptême (lors desquels sont interprétés les chants traditionnels griots). En effet, je n’ai pas entièrement grandi au Mali et de plus, étant considérée comme noble bambara, je n’avais pas le droit, a priori, d’apprendre et chanter des chants de griots.

Le projet Dream Mandé concerne la musique traditionnelle malienne, mais il est également la preuve que la modernité nous porte vers des changements inévitables, donnant parfois la possibilité d’offrir une vigueur et un sens au passé à travers des concepts contemporains qui vont à l’encontre des coutumes établies.

Si les griots ne s’accordent pas toujours sur les périodes et faits précis de l’histoire, il n’en reste pas moins que dans le répertoire de l’épopée Mandingue, chaque mélodie a un sens, a été composée ou modifiée à l’occasion d’un événement précis, et marque une époque précise de l’histoire du Mandé.

Dans ma démarche à travers ce projet, ce n’est pas tant l’interprétation de ces chants classiques griots que toute la dramaturgie naturelle intense et profonde de cette tradition qui m’intéresse. J’ambitionne de transcrire un récit griot en dehors de la langue mandingue mais en préservant le sens de chaque geste, chaque mot, chaque croyance originelle.

En parallèle à DREAM MANDÉ – DJATA, un second spectacle sera présenté en 2017-2018: DREAM MANDÉ – BAMANAN DJOUROU. Celui-ci est fondé sur des reprises de chants classiques Bambara et des adaptations de chansons françaises (Jacques Brel ; Léo Ferré) avec des arrangements vocaux et instrumentaux créés sur la base de mélodies traditionnelles, tout en s’écartant considérablement de la musique traditionnelle pour offrir des harmonies et des rythmes hors du commun.

Il s’agit donc de présenter plusieurs spectacles, créés sur la base d’instruments acoustiques d’Afrique de l’Ouest, avec pour but de mettre en valeur ces instruments dans des concepts artistiques modernes.

Une des étapes importantes de ce projet a été l’enseignement de Bako Dagnon. Lors de la première interview qu’elle avait accepté de m’accorder, elle m’a dit:

« Ma fille, je te dirai tout ce que tu souhaites savoir car tu es tout ce qu’il faut pour mériter ma confiance. Vois-tu, la parole est précieuse, son pouvoir est immense. Par elle se fait notre histoire dont la bonne connaissance nous permet de prendre en main notre présent et décider de notre futur. La parole peut construire, elle peut détruire. Il y a des siècles de cela, afin d’assurer un cadre, des règles et des usages qui la préservent au mieux, qu’elle puisse organiser nos sociétés, transmettre l’histoire le plus précisément possible, une organisation sociale a confié à ma famille la lourde tâche d’en être gardienne et veiller à sa bonne utilisation dans tous contextes publics sociétaux.
Les temps ont changé, afin que l’histoire du Mandé soit reconnue par le reste du monde, je me dois de l’enseigner en dehors de la famille des niamakalas et des règles d’antan à chaque fois que c’est possible. Toi, je peux te faire confiance. Je crois que tu sauras utiliser la parole dans le respect des règles que sont l’intégrité, l’humilité et le respect de l’autre ».

Dagnon Djéli s’est éteinte, avec elle beaucoup d’enseignement qu’elle n’aura pas eu le temps de transmettre. Mais il y a tout le temps que j’ai eu le privilège de passer à ses côtés, toutes les réponses qu’elle m’avait données et que j’avais pu enregistrer avec son autorisation.
Bako Dagnon était une grande artiste, une personne très intelligente, une femme forte, curieuse capable d’analyse et d’objectivité.

Merci à Bako Dagnon, Ali Farka Touré, Ousmane Sacko et Dramane Coulibaly. De là où ils sont, puissent-ils voir au-delà des mots toute ma sincérité, mon affection, et ma gratitude à leur égard pour les moments qu’ils m’ont permis d’avoir à leurs côtés. »

Né So

Un but doit avoir sa raison
A la base de toute réussite il y a une raison
A la base de tout échec il y a un but sans raison.

Tels sont les mots, fiévreusement chantés en bambara, qui ouvrent Kenia, l’un des titres de Né So (“Chez moi”), le sixième album de Rokia Traoré. A eux seuls, ils résument la force qui meut la Malienne dans son périple musical, entamé il y a près de vingt ans. Il y a mille façons d’entrer en musique : pour accomplir un plan de carrière, pour répondre à une urgence intérieure, pour gagner un peu de reconnaissance, pour transmettre une tradition… Et puis il y a le chemin tracé par Rokia Traoré, qui depuis son premier album, Mouneïssa, cultive son art pour suivre et développer une véritable philosophie de vie – une morale, si l’on veut, au sens le moins rigide, le plus empirique et ouvert du terme.

Une philosophie en action, forgée à l’épreuve des faits et motivée par les éclairs de la volonté et les élans du coeur. Une philosophie qui, toujours, place en son centre la question fondamentale des choix et des responsabilités.

Avant chacun de ses albums et projets, Rokia Traoré se demande ainsi comment et pourquoi continuer à faire oeuvre de musicienne. Cette fois ci, cette interrogation s’est imposée à elle de manière plus aiguë encore. C’est que l’existence l’a entrainée dans l’une de ces zones de turbulences dont elle a l’imprévisible secret, et où l’intime et le collectif viennent brutalement se télescoper. En 2012 au Mali – où cette enfant de diplomate, rompue depuis toujours à une vie d’itinérance, avait choisi de se réinstaller trois ans auparavant –, Rokia Traoré s’est ainsi retrouvée comme ses compatriotes aux premières loges d’un chaos qui, bientôt, allait se muer en conflit armé. “Cette situation de pays en guerre m’a bouleversée, et m’a fait perdre une naïveté que je ne me soupçonnais pas. Je me suis rendue compte que j’étais encore très candide”, dit-elle aujourd’hui. Obligée de quitter un temps Bamako et de revenir en Europe avec son fils, Rokia Traoré a aussi dû affronter les tourments d’un évènement de vie qui, dans ses prolongements, aura remis en cause son statut et sa légitimité mêmes de musicienne. “Pour simplifier un peu, être une femme artiste, de surcroît Africaine vivant en Afrique, rend peu crédible en tant que mère”, résume-t-elle. Les bouleversements en cours dans le monde musical et l’industrie du disque ont achevé de déposer Rokia Traoré à la croisée de tous les doutes.

Songeant un moment à refermer le chapitre de sa vie d’artiste, elle aura pourtant trouvé l’énergie de ne pas se laisser envahir par le désenchantement. “Tout tombait en même temps, raconte-t-elle. Il n’est jamais agréable de traverser des expériences difficiles, mais c’est aussi ce qui aide à grandir, à comprendre pourquoi on s’accroche ou renonce à certaines choses… Est venu un moment où j’ai compris que j’allais soit y arriver, soit allonger la liste des chanteuses qui finissent mal, et sur lesquelles on écrit des livres où il n’est même plus question de musique ni de talent, mais seulement de déchirements personnels… Je me suis demandée si c’était dans ce genre d’ouvrage que j’avais envie de me retrouver, ou si je voulais prendre le risque de continuer. Il y avait vraiment des décisions à prendre ; et je les ai prises, avec grand plaisir.”

Cet art du rebond nourrit en filigrane toute la trame de Né So. Ecrit et composé en solitaire, puis répété à Bamako, enregistré à Bruxelles et Bristol avec des musiciens auditionnés dans tout l’Ouest africain (“Je n’ai pas voulu d’un groupe uniquement constitué de Maliens, car j’ai besoin de différences et de brassages culturels autour de moi”), l’album représente pour son auteure autant un retour aux bases qu’un nouveau pas en avant. “On peut dire que le Mali, d’une certaine façon, est ma base, en effet : c’est là que je me réfugie quand beaucoup de questions se posent, c’est là que j’assume de prendre des risques quand il le faut… A Bamako, j’ai senti que j’aurais la possibilité d’être à la fois libre etentourée. Né So, dans un sens, me rappelle mon premier album, car, pour pouvoir continuer, j’ai dû littéralement tout reprendre à zéro, réorganiser mon fonctionnement sans même me demander si ce que j’entreprenais allait marcher ou pas. Ce retour aux sources motivé par les circonstances m’a renvoyée à l’époque où, arrêtant mes études en Belgique, j’étais retournée au Mali pour faire de la musique. Mais cette fois, j’ai eupour moi l’avantage de l’expérience. Le bénéfice de l’âge, c’est de pouvoir travailler sans être possédé par la crainte de perdre la renommée relative qu’on a construite. Ce qui amène à des choix libres, spontanés – des choix directement liés à tout ce que j’aime dans la musique.”

Avec un ensemble composé du batteur burkinabé Moïse Ouatara, du bassiste ivoirien Matthieu N’guessan, du joueur de ngoni malien Mamah Diabaté – un complice de la première heure – ou encore de choristes formés dans sa Fondation Passerelle de Bamako, Rokia Traoré ancre Né So dans le terreau musical de cette “beautiful Africa” dont elle chantait les louanges dans son précédent album. Mais sans cesser de perpétuer sa volonté d’étendre son horizon expressif – depuis les mélopées mandingues jusqu’aux sonorités rock, depuis la langue bambara jusqu’à l’anglais ou le français – ni d’étancher sa soif de rencontres et de partages. Respectivement à la direction artistique et à la guitare, l’Anglais John Parish (qui manie également ici et là batterie) et l’Italien Stefano Pilia apportent leurs oreilles expertes et attentives, qui avaient déjà magnifié les plages de Beautiful Africa. Rencontré en 2012 lors de la tournée du collectif Africa Express, le producteur, arrangeur et multiinstrumentiste John Paul Jones (Led Zeppelin, Them Crooked Vultures…) vient apposer traits de basse et de mandoline. La guitare et la voix du songwriter américain Devendra Banhart, autre pensionnaire du label Nonesuch, s’invite aussi dans Sé Dan : une célébration en anglais de la force d’empathie du genre humain, sur laquelle plane la présence bienveillante du Prix Nobel de littérature Toni Morrison, qui a posé sur le texte ses lumières d’écrivain et d’humaniste. Ample et subtile, la diversité de ce générique dit une fois encore la capacité qu’a Rokia Traoré de composer une palette humaine et esthétique à même d’épouser ses visions. “J’ai besoin de collaborations qui reposent sur des valeurs communes, précise-t-elle. Parler du monde seule, je n’en ai pas envie : je veux pouvoir le faire avec des gens avec lesquels je partage des convictions.”

Le monde, selon Rokia Traoré, est à l’image des pièces qui composent Né So, et notamment de sa chanson-titre qui, telle une saisissante eauforte, décrit en quelques strophes la détresse des peuples déracinés de force… Chargé de douleurs et de joies, traversé d’épreuves et d’espoirs, il est couvé par un regard qui, même dans la plus grande adversité, refuse de céder à la tentation de la dramatisation comme de la résignation. De Amour, Amour, Tu voles ou Obiké, odes à la légèreté d’être et au plaisir de vivre, à Ilé, ritournelle où s’exprime une sainte détestation des conflits et querelles d’ego, de Kolokani, hommage à la beauté des sources et des aïeux, à Niélé, hymne au courage des jeunes femmes en devenir, Rokia Traoré fait vibrer plus que jamais ce désir impérieux, ce mouvement vital qui, comme sur une ligne de crête, la conduit à partir de son expérience individuelle pour mieux embrasser l’expérience collective. La reprise aussi terrienne qu’aérienne de Strange Fruit, nouvel emprunt au répertoire  de Billie Holiday (après The Man I Love sur l’album Tchamantché), résonne comme le point d’orgue de cette démarche. Dans ce récit toujours empoignant de la folie haineuse des hommes, mis en écho aux crispations et durcissements de notre époque, la voix de Rokia Traoré, entremêlant recueillement et ferveur, exprime l’humble subjectivité d’une artiste qui, depuis sa position de témoin, se replace dans le contexte de l’humanité, de cette humanité qui l’enrobe et la dépasse tout à la fois. “Je crois que c’est dans ce mouvement-là, du cas particulier au cas général, que je tiens – et qu’on tient tous – le coup. C’est peut-être ça, la maturité : aimer une vie où l’on n’est pas toujours au centre de sa propre vie…”

Dans ces mots résident sans nul doute la raison et le but de Né So : Rokia Traoré s’y invente un “chez soi” qui invite à regarder le monde et la condition humaine tels qu’ils vont, dans toute la gamme de leurs complexités, de leurs difficultés et de leurs beautés.

Any goal must have a reason
Any success is based on a reason
Any failure is based on a goal without a reason.

These are the opening words, feverishly sung in Bambara, of the song Kenia in Rokia Traoré’s sixth album Né So (“Home”). And the best way to encapsulate the Mali-born singer’s strength throughout her nearly twenty-year musical path. The decision to take up music may be guided by a career plan, or a burning urge, or an attempt to gain some recognition, or even the desire to pass on a legacy. But Rokia Traoré’s journey is of a whole different kind. Ever since she released her first record Mouneïssa, she has grown her own art and developed a real life philosophy; or a principle, in its etymological meaning: a source, a rule of conduct. This empirically based axiom guiding her actions has always been driven by the force of her will and the movements of her heart. Incidentally, the fundamental question of choices and responsibilities has always been Rokia’s centre of gravity.

Before initiating any new project, Rokia Traoré always asks herself, why keep playing music, and how? This time, she did with unprecedented urgency. It should be mentioned that at the time, she found herself in one of those idiosyncratic situations in her life where private and public worlds collide. Quite a hazardous one, at that. Having grown up as a diplomat’s child, Rokia had always been a traveller; but in 2009, she decided to move back to Mali. Three years later, she was the unfortunate witness to a terrible momentum that gripped the war at higher levels. “Experiencing life in a war-torn country was traumatic. I became aware of how naive I had been – if not guileless, without even knowing it.”, she confesses. While she had to leave Bamako for a while and move to Europe with her son, she also suffered the torments of a life event whose effects questioned her very status and legitimacy as a musician. “To make a long story short, being a female artist, especially an African living in Africa, makes you sound not credible as a mother”, she says. Besides, the music industry was facing a crisis, which only added to her distressing doubts. To the point of almost calling it quits, artistically speaking. But she did summon the energy to not indulge in renunciation. “Everything was falling apart, she says. It’s never easy to go through tough times, but it is also what makes you grow, and understand why you cling to certain things and give up on some others. At some point, I realized that I was either going to make it, or just add my name to the long list of female artists who ended badly. When people write their biographies, they talk less about their music or talent than their personal rifts. I asked myself, ‘Do I want to end up in that kind of books? Or should I take a chance and get on with it? I really had to take decisions. I did, and I’m glad I took the right ones.”

The art of picking yourself up is what Né So is all about, implicitly. Rokia Traoré started by writing and composing the songs alone. She then rehearsed in bamako and recorded in Brussels and Bristol with musicians auditioned from the entire West African region – “I didn’t want an all- Malian band. I need difference, I need a mix of cultures around me”. Né So is at once a return to fundamentals and a step forward. “You could say that Mali is where my roots are – it is where I take refuge in times of doubt, and where I accept to take risks when I must. Bamako was the place where I felt I would be both free and supported. Somehow, Né So reminds me of my first album, because I had to start from scratch and reorganize my way of thinking to move forward, regardless of whether it would work or not. Having to return to my roots under the circumstances reminded me of the time when I stopped my studies in Belgium and returned to Mali to make music. But this time, I had the benefit of experience. When you are older, you can embark on a new adventure without being overwhelmed with the fear of losing the fame you had only started building. Which leads you to make free, spontaneous decisions – the kind of decisions that are in direct connection with what I enjoy in music.”

Rokia Traoré’s band on Né So features Burkinabe drummer Moïse Ouattara, Ivorian bass player Matthieu N’guessan, long-time collaborator Malian Ngoni player Mamah Diabaté, and backing vocalists trained at her Bamako-based Fondation Passerelle. Né So is therefore rooted in the fertile musical ground of the “Beautiful Africa” she praised in her previous record, which doesn’t prevent her from wanting to expand her expressive range, spanning from Mandingue chants to rock sounds, from Bambara through English to French. Rokia still has the same unquenchable desire to meet and share. The album stars Artistic director John Parish (an English musician who also plays the drums and guitar in Né So) and Italian guitarist Stefano Pilia, who had already worked their magic on Beautiful Africa, contributing their expertise and attentive ears. Producer, arranger and multi-instrumentalist John Paul Jones (Led Zeppelin, Them Crooked Vultures…), whom Rokia Traoré had met during the Africa Express collective 2012 tour, plays bass and mandolin on the record. Nonesuch label mate American songwriter Devendra Banhart also appears, singing and playing guitar in the song Sé Dan, an English-sung celebration of human empathy, benevolently chanted by the Nobel laureate Toni Morrison, who shed a humanistic writer’s light on the lyrics. The widespread, subtle diversity at stake in Né So shows, if need be, Rokia Traoré’s skills in building a beautifully human palette to express her visions. “I need collaborations based on common ground, she says. It is not my intention to talk about the world on my own. I want to do it as part of a fellowship of people with shared convictions.”

So showing the world is what Né So is all about, especially the title track, a stunning etching that depicts in a few strophes the distress of uprooted peoples. The album is filled with pain and joy, infused with challenges and hopes, and always nurtured with an uncompromising frame of mind, one of a woman who will neither give up nor overdramatize, whatever happens. Amour, Amour, Tu voles and Obiké are odes to the not-so unbearable lightness of being, while Ilé expresses a healthy disregard of ego-based squabbles and fights. Kolokani pays tribute to the beauty of one’s roots and forebears, and Niélé chants the courage of tomorrow’s grown-up women. More than ever before, Rokia Traoré translates with Né So her burning desire, her vital urge to get home on a tightrope, using a perfectly balanced bar with her personal experiences on one side and the entire universe on the other. Her cover of Strange Fruit, as anchored on the ground as it is aerial, is the culminating point of this new stunt of hers. Rokia already had explored Billie Holiday’s repertoire in Tchamantché, with The Man I Love. This time, she thoughtfully and ardently sings Lewis Allan’s ever so harrowing story of the heinous madness of men, in a time of tension and closure. Such is the humble testimony of a subjective artist placing herself in the context of humanity. Humanity is both what she is dressed in, and what she uses to try and dress the world’s wounds. “I believe what keeps me alive, what keeps all of us alive, is the ability to move from the singular to the universal. This may be what maturity means – to love your life without always being at the centre of it…” Doubtless, this is the reason and the goal behind Né So; Rokia Traoré finally got “home” and is now telling us the story of the world and the human condition in its complex and beautiful diversity.

1- Ô NIELÉ

Bass guitar : John Paul Jones
Drums : John Parish
Guitare : Rokia Traoré
Lead vocal : Rokia Traoré
Backing vocals : Rokia Traoré ; Stéfy Rika

2- O BIKÈ

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Guitar 3 : Rodriguez Vangama
Ngoni : Mamah Diabaté
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Lead vocal : Rokia Traoré
Backing vocals : Rokia Traoré, Bule Mpania , Russell Tshiebua

3- ILÉ

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Ngoni : Mamah Diabaté
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Lead vocal : Rokia Traoré
Backing vocals : Rokia Traoré, Bule Mpania , Russell Tshiebua

4- KÈNYA

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Guitar 3 : Rodriguez Vangama
Ngoni : Mamah Diabaté
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Lead vocal : Rokia Traoré
Backing vocals : Rokia Traoré, Bule Mpania , Russell Tshiebua

 

5- MAYÉ

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Ngoni : Mamah Diabaté
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Vocals : Rokia Traoré

6- NÉ SO

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Ngoni : Mamah Diabaté
Mandoline : John Paul Jones
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums & percussion: Moïse Ouatara
Vocals : Rokia Traoré ; John Parish

7- KOLOKANI

Guitare 1 : Rokia Traoré
Guitare 2 : Rokia Traoré
Lead vocal : Rokia TRoaré
Backing vocals : Rokia Traoré ; Stéfy Rika

8- TU VOLES

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Ngoni : Mamah Diabaté
Guitar 3 : John Parish
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Lead vocal : Rokia Traoré
Backing vocals : Rokia Traoré, Bule Mpania , Russell Tshiebua

9- AMOUR AMOUR

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Ngoni : Mamah Diabat
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Vocals : Rokia Traoré

10- SÉ DAN

Guitare1 : Stefano Pilia
Guitare2 : Rokia Traoré
Guitar 3 : Devendra Banhart
Ngoni : Mamah Diabaté
Mandoline : John Paul Jones
Bass guitar : Matthieu Nguessan
Drums : Moïse Ouatara
Lead vocal : Rokia Traoré ; Devendra Banhart
Backing vocals : Rokia Traoré ; Stéfy Rika

11- STRANGE FRUIT

Guitare1 : Stefano Pilia
Bass guitar : Reggie Washington
Ngoni : Mamah Diabaté
Drums : John Parish
Vocals : Rokia Traoré

Artistic production : John Parish
Music and lyrics : Rokia Traoré
Sound engineer : Aslister Chant ; Pierre Dozin
Photos : Danny Willems

Recording studio : JET STUDIO ; TOY BOX STUDIO
Mastering : LOUD MASTERING

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